AlterEgo Films : société de production et de distribution

terre d'usage

un film de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil

Un territoire, l’Auvergne. Une ligne d’espace qui court de Vercingétorix à la mondialisation. Un personnage, ancien communiste, qui s’appelle Pierre Juquin. Des rencontres avec des gens qui pensent, agissent et sont. Des situations qui parlent République, religion, capitalisme et guerre. Un portrait en structure mosaïque qui suggère comme un état des lieux.

2009 / 112' / HDV / Couleur / stéréo 
visa d'exploitation 120 780
supports d'exploitation : HD Cam / Beta Num 

image : Antoine-Marie Meert
son : Damien Turpin
montage image : Philippe Boucq
montage son : Delphine Duquesne
mixage : Philippe Baudhuin

Producteurs délégués Belgique : Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil
Producteurs délégué France : Pascal Verroust

Première projection du film en France : Lundi 23 novembre 2009
Maison de la culture de Clermont Ferrand - salle Jean Cocteau

 alter ego films et ADR Productions en coproduction avec Clermont 1ère avec l'aide de la Région Auvergne et du Centre National de la Cinématographie, du Centre du Cinéma et de l'audiovisuel de la Communauté française de Belgique et des télédistributeurs Wallons, PROCIREP – société des producteurs, ANGOA.

Distribution en salles France : ADR Distribution, sortie 1er septembre 2010
Distribution salles Belgique : alter ego films, Ecran Total 2010 Cinéma Arenberg
Distribution salles Suisse : 28 avril 2010  

Distributeur et ventes Belgique : alter ego films
Distributeur France : ADR Distributions
DVD : éditions Blaq Out et ADR Productions

Sélectionné aux festivals suivants :

  • Traces de vie 2009 (film d’ouverture – hors compétition)
  • Cinéma du réel 2010
  • Festival de Gindou 2010

Article paru dans Le Soir, le 1er Septembre 2010

Les films de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil ont quelque chose de viscéralement attaché à la nature de notre humanité dans tous les sens du terme. Qu’on regarde le magnifique Arbres ou Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, l’interrogation est toujours au bout de l’image, croisant les avis, questionnant les regards, confrontant les points de vue. Ne vous effrayez pas du genre. On n’est pas dans la prise de tête. Au contraire, avec les films de Bruneau et Roudil, tout s’éclaire.

Car on y puise une remise en question salvatrice au milieu d’une production qui le plus souvent prémâche très souvent ses récits. Avec terre d’usage, où la dimension cinématographique est moins immédiates que pour Arbres par exemple, on retrouve celle volonté de réfléchir sur l’homme et sur le monde en traversant la notion de l’Autre, sur la terre d’Auvergne, de Vercingétorix au capitalisme, en passant par Dieu et les immigrés, c’est-à-dire en faisant référence à l’Histoire comme aux réalités actuelles.

Pour remettre l’homme, le citoyen debout, face à ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il pense et ce qu’il engendre. Cheminement sur une terre mais aussi dans la pensée et dans les actes de gens rencontrés, qu’ils soient ancien communiste, héros historique, ouvrier algérien retraité, médecin actif ou Sœur, professeur de philosophie. Mosaïque de gens qui agissent, pensent, sont. Notre monde en somme mais qui pourrait générer un autre monde si on prenait la peine d’y réfléchir, de se lever et d’agir.

Car comme le dit l’un des intervenants, le communiste Pierre Juquin, lien privilégié au filmeur et aux personnes filmées : « Tant que je respire, j’espère ». Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil parviennent ainsi à parler du monde, de sa complexité sans nous prendre la tête

En regardant et surtout en écoutant l’autre. Utopie ? C’est en passant par là que le monde évolue depuis qu’il est monde.

Fabienne Bradfer

« terre d’usage : un hymne à l’intelligence collective »

Il est des moments rares où le bonheur cinématographique se conjugue avec la qualité du sens qu’il produit. C’est le cas de « Terre d’usage », le film documentaire de Sophie Bruneau et de Marc Antoine Roudil que l’on peut actuellement voir en salle.
Film surprenant : à la fois état des lieux et état du monde, état de la crise, des crises, du capitalisme, de l’identité nationale, de la mondialisation.

Film politique mais pas pour autant film militant en ce qu’il nous interroge profondément plutôt qu’il n’impose la vision de ses auteurs.
« terre d’usage » est d’abord le résultat d’une rencontre entre un territoire, l’Auvergne, terre natale de Vercingétorix qui ouvre le film dans le récit de sa résistance à César, une rencontre donc entre un territoire et un autre homme du cru, un contemporain, un passeur, Pierre Juquin qui va nous conduire vers des auvergnats improbables, des hommes et des femmes qui n’ont jamais la parole et, en tous cas, que l’on ne croise jamais dans les films.

Un ouvrier algérien, une religieuse, un ancien éducateur reconverti en graveur de tombe, un médecin, un chef d’entreprise qui tiennent des propos peu ordinaires : chacun avec ses mots où la simplicité côtoie la profondeur va nous livrer « son » état du monde, sa révolte, son espoir. Pierre Juquin est un ancien dirigeant du Parti communiste français dont il a accompagné toutes les aventures, les meilleures et les pires jusqu’à en être exclu pour avoir tenté de le réformer dans les années 80.

Mais surtout aujourd’hui, à plus de 80 ans, Juquin n'a jamais renoncé à transformer le monde – la petite flamme de l’utopie vit toujours, tremblante mais résistante- et c’est sans doute pour cela qu’il est un formidable accoucheur de la parole de ses semblables. Bruneau et Roudil ont su trouver une juste écriture cinématographique qui permet l’expression d’un discours imagé et passionnant, celui d’une certaine lenteur créatrice qui bannit l’ennui et sublime la réflexion. « terre d’usage » est, en quelque sorte, un hymne à l’intelligence collective.

Et en ces moments où nous sommes tous plongés dans le désarroi de crises multiformes, – il nous offre une formidable respiration. Et comme dit Juquin, après une époustouflante leçon de marxisme au sommet des monts d’Auvergne, tant que « je respire, j’espère ».

Hughes Le Paige, blog politique, 2 septembre 2010

Article paru dans Le Temps, le 1er Mai 2010

Deux documentaires étonnants, entre grand singe et Auvergne. Actuellement en salles, «Nénette» de Nicolas Philibert et «Terre d’usage» de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil convergent en impliquant intimement le spectateur.
A chaque genre de cinéma sa saison ? Entre les films suisses du début d’année et les blockbusters hollywoodiens de l’été, les documentaires semblent s’être fait un trou en avril-mai, largement grâce au festival Visions du réel de Nyon (et Cinéma du réel du Centre Pompidou). Il faut en profiter, tant il est vrai que certains des films les plus satisfaisants d’aujourd’hui appartiennent à cette catégorie.

Et vite, car ces sorties toujours trop confidentielles ne durent pas. Quel point commun entre Nénette, le film consacré par Nicolas Philibert (Le Pays des sourds; Etre et avoir) à l’orang-outan vedette du Jardin des plantes de Paris, et Terre d’usage, promenade en Auvergne de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil (Arbres; Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés)? A priori, aucun, sinon d’être des documentaires de création – entendez par là non soumis aux diktats télévisuels – par de vrais cinéastes.

Mais aussi de parler d’autre chose que de leur sujet apparent. (…) Le sujet apparent de Terre d’usage, l’Auvergne autour de Clermont-Ferrand, est réducteur. Mine de rien, ce serait plutôt l’état du monde aujourd’hui. Et encore plus discrètement, le cinéma, surtout si l’on se souvient que Ma Nuit chez Maud et Le Chagrin et la pitié ont été tournés par là. Depuis une voiture, tandis que défile un paysage d’entrepôts, le film commence par évoquer la figure historique de Vercingétorix et l’histoire officielle des vainqueurs.

Plus tard, il y aura le Tour de France qui passe en trombe. Mais il y a plus à apprendre des vaincus et en prenant son temps. C’est ainsi que les auteurs emboîtent le pas tranquille de Pierre Juquin (79 ans), ancien réformateur malheureux du Parti communiste. Avec ou sans lui, ils vont à la rencontre des gens, un Algérien qui a réussi à faire son trou, une religieuse qui n’en a pas l’air, un éducateur devenu peintre de cimetière ou un président de la chambre du commerce soucieux d’économie réelle.

Des entretiens d’une bonne dizaine de minutes, sans la moindre coupe, ponctués de plans-séquences de pure observation, comme cette manifestation anti-OGM, ce lever de drapeau à la caserne ou cette cérémonie de naturalisations à la mairie. Alors oui, ce film peut être pris pour un instantané de la société française d’aujourd’hui. Mais il n’y a pas un moment qui ne nous parle aussi intimement, qui ne dialogue avec notre expérience de vie, notre humanité. Et si c’était là la qualité d’un vrai documentaire: un regard et une écriture aussi éloignés du simple reportage que de la fiction?

Norbert Creutz

Article paru dans Le Net, en Mai 2010

Ah le beau documentaire que voilà ! Le sujet ? Difficile à cerner, disons l’état du monde aujourd’hui. Comme c’est tourné en Auvergne, autour de Clermont-Ferrand, ça commence par évoquer Vercingétorix et l’histoire officielle écrite par les vainqueurs. Comme c’est un film français, il y a le Tour de France qui passe en trombe.

Mais il y a plus à apprendre des vaincus et en prenant son temps. C’est ainsi que les auteurs d’Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés (2005, mémorable docu sur la souffrance au travail) emboîtent le pas tranquille de Pierre Juquin, ancien réformateur malheureux du Parti communiste. Avec ou sans lui, ils vont à la rencontre des gens, un Algérien qui a réussi à faire son trou, une religieuse qui n’en a pas l’air ou un président de la Chambre du commerce qui plaide pour un retour à l’économie réelle.

Des entretiens d’une bonne dizaine de minutes, sans la moindre coupe, ponctués d’autres plans-séquences de pure observation, comme ce lever de drapeau à la caserne ou cette cérémonie de naturalisation à la mairie. Alors oui, ce film peut-être pris pour un instantané de la société française d’aujourd’hui. Mais il n’y a pas un moment qui ne nous parle intimement, qui ne dialogue avec notre expérience, notre humanité. C’est précieux. Et aussi rare qu’une conversation profonde avec un inconnu qui nous éveille soudain à l’Autre.

Norbert Creutz, sortie cinéma Suisse romande

Article paru dans L'Humanité, le 1er Septembre 2010

« Vagabondage »
Un documentaire un peu à part car il n’a pas de réelle ligne directrice. Certes, il a été tourné en Auvergne et met en vedette le politicien à la retraite Pierre Juquin, régional de l’étape, qui sert à la fois de fil rouge et de passeur. Mais on dépasse les considérations historico-géographiques pour aborder, avec Juquin ou avec des autochtones rencontrés au passage (un ouvrier, un médecin, une religieuse, etc.), des thèmes plus vastes comme la religion, le capitalisme ou la guerre. Une œuvre aussi buissonnière que pénétrante.

Vincent Ostria

Article paru dans Studio Ciné Live, le 1er Septembre 2010

Une excursion en terre auvergnate où, à travers divers témoignages (un ancien éducateur devenu graveur, un ouvrier retraité de chez Michelin, une femme catholique…) gravitant autour de la personnalité de Pierre Juquin, figure intellectuelle originaire d’Auvergne et communiste réformateur, s’esquisse une vision éclairée du monde. À l’austérité de la forme, les réalisateurs opposent la chaleur de ces témoignages, affirmant la volonté de dépasser les clivages. Un instantané de notre époque subtil et original.

E. C.

Article paru sur Dissidenz.com

Il fut un temps où la politique était une bataille idéologique, un lieu où s’affrontaient des visions du monde radicalement différentes, portées par des hommes qui les incarnaient totalement. Pierre Juquin est de ceux là. Entré au parti communiste au milieu des années cinquante à l’âge de 23 ans, il en sera exclu 35 ans plus tard pour avoir trop voulu rénover le parti après en avoir été le porte parole. Candidat dissident à la présidentielle de 1988, il s’est depuis rapproché des mouvements écologistes.

C’est avec lui, que Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau (Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés) sont retournés filmer l’Auvergne, 10 ans après Pardevant notaire. Sur ce territoire chargé d’Histoire, de Vercingétorix à celle du monde ouvrier, à travers des rencontres et des séquences à l’agencement mosaïque, se dessinent les thématiques qui traversent le film : la République, l’appartenance géographique, la guerre, le capitalisme, la religion, un certain rapport au monde.

Par touches, par les témoignages d’un ouvrier algérien ou d’un tailleur de Pierre qui entrent en résonance avec les propos de Pierre Juquin qui fait ici office de guide, se dresse un bilan de la société française et plus généralement du monde. Avec subtilité, sans didactisme, le film ouvre des pistes de réflexions passionnantes et révèle la complexe imbrication de ses thèmes. D’une cérémonie d’accession à la nationalité française à la rencontre avec un médecin dans une cité, le film juxtapose ses séquences comme autant de pierres qui toutes ensemble constituent l’édifice de cette Terre d’usage qui n’est jamais que ce que l’on en fait.

L’Auvergne, filmée ici sans vaches et presque sans volcans, devient le territoire emblématique et privilégié de cette illustration exemplaire de la marche du monde à laquelle elle oppose la conscience et l’initiative individuelle. Guidé par la parole fascinante de Pierre Juquin, témoin des évolutions au cours des cinquante dernières années, le film distille l’idée d’une certaine forme de résistance face à la marche en avant forcée du monde, à cette illusoire fin de l’Histoire promise par le capitalisme. Passionnant dans son propos et dans sa forme, terre d’usage est un film singulier à ne pas manquer.

Francis Chérasse

Signelazer