AlterEgo Films : société de production et de distribution

Le jour de sortie

un film de Sophie Bruneau

C’est le jour du déconfinement. À Soignies, les résident·es de la maison de retraite vivent leur première sortie après 15 mois d’isolement. Un bus à impériale rouge les embarque pour un voyage singulier : un tour de leur propre ville pendant une heure.

2022 / 14’ / 16/9 / couleur / Dolby stéréo 5.1

supports d’exploitation : DCP, Digital, Blu-Ray

VO : film sans dialogues

réalisation Sophie Bruneau
prise de vue Marie-Françoise Plissart
prise de son Hélène Lamy Au Rousseau
montage Philippe Boucq
assistance technique son Hélène Clerc-Denizot
mixage Aline Gavroy
étalonnage Michaël Cinquin
producteurs délégués : Sophie BruneauSerge Kestemont

une production alter ego films en coproduction avec Luna Blue Film, Shelter Prod, avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

ISAN 0000-0006-9BDA-0000-S-0000-0000-R 1


Contact promotion et diffusion:
alter ego films 
Sophie Bruneau
46 rue du charme
1190 Bruxelles
 info@alteregofilms.be 
 sophiebruneau@alteregofilms.be 

Festival du film d'Histoire (Rejika-Croatie) 2023
Terra Nostra (St Martin de Lansuscles - France) 2023
Le jour de sortie s’inscrit dans l’époque. Des personnes vulnérables, la fin relative d’un enfermement, un voyage circulaire, le mouvement éphémère de la vie… L’état du monde est tel qu’affirmer des visages dans leur nudité prend une portée symbolique et politique. Les pensionnaires, qui ont ici entre 70 et 98 ans, n’ont pas mis le nez dehors depuis 15 mois et iels vont faire un tour d’une heure dans leur propre ville... Ce voyage représente leur première sortie depuis l’apparition de la pandémie et le confinement strict de mars 2020. Le film révèle leurs présences singulières au sortir de cette période durant laquelle les visages ont été oblitérés, au point de venir modifier durablement notre rapport à l’autre. Ces visages m’interpellent. J’y vois un questionnement sur la vie, sur la mort et sur le monde tel qu’il ne va plus.

Quoi de plus fort et de plus simple pour dire les tourments du monde que l’expression d’un visage ?

Le film est un huis clos mobile en forme de long travelling discontinu. Le défilement de la vie en moins d’une heure (le temps du tournage). Les visages qui (se) racontent. La tension dramaturgique tient en partie au jeu des variations. Je cherche la diversité des expressions sur le vif comme je cherche la complémentarité des axes, des valeurs de plans et du sens du déplacement. Mon approche explore le rapport entre visible et invisible à travers les amorces et les rapports dialectiques entre le dedans et le dehors, l’avant-plan et l’arrière-plan, le net et le flou. Ces dynamiques plastiques me permettent de suggèrer un autre espace, imaginaire, afin d’interpréter ce déplacement singulier comme un voyage dans le temps.

La durée de plan est, pour ainsi dire, existentielle. Elle parle au-delà des mots. Elle fait vivre les expressions du visage pris par des affects. Elle donne les conditions de production d’une histoire : le micro-récit d’un visage. Le plan devient de l’ordre d’une expérience. On entre en relation avec le visage qui exprime des émotions en lien avec ce qui est en train de se vivre. On laisse progressivement tomber le masque de la vieillesse pour voir apparaître une forme de beauté, de l’ordre de la condition humaine.

C’est un film sans paroles, sans commentaire, sans sons directs. Il s’agit de faire vivre ce voyage intérieur, temporel, grâce à un son subjectivé, déformé par la mémoire individuelle. Comme des souvenirs au présent. Des sensations. Un champ d’évocations qui naît du choix des éléments sonores et de leur traitement en postproduction. Un parti pris sonore qui entraîne une sorte de dédoublement de l’espace-temps au niveau des perceptions, un mélange dans l’air entre espace réel et espace mental, visible et invisible. Cette interprétation sonore, de l’ordre du souvenir incarné dans l’instant, s’associe à la part suggestive de l’image.

Le pouvoir de la forme est de nous faire éprouver physiquement cette expérience d’un voyage dans le temps.

Le matériau filmé est de nature métaphorique. Les pensionnaires regardent derrière la vitre le film de leur vie qui défile et nous, spectateurices, nous les regardons et nous nous voyons à travers eux, comme dans un miroir. Les corps ne sont plus ici dans les faux semblants de la représentation. Il y a de longs regards face caméra qui nous interpellent, aussi troublants que des vanités. Ne sommes-nous pas toutes et tous vulnérables ? Le film tend vers l’épure : le paysage nu, une mouchette qui chute sur la vitre, la frontalité d’un visage qui clôture le voyage. Il constitue une trace de cette période historique qui laisse un trauma dans notre inconscient collectif. C’est le hors champ du film.

Sophie Bruneau, Bruxelles, novembre 2022
Signelazer